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Résumés

Conférence introductive de Carla Eddé, Vice-recteur aux relations internationales de l' USJ - Université Saint-Joseph : Archives, mémoire, histoire.

 

Table-ronde 1 : Partage des données numériques au Proche-Orient : quels acteurs, quels médias, quels enjeux ? Modération :  Najla Nakhlé-Cerruti (Ifpo) et Lokman Slim (UMAM documentation & research)

 

Jean-Philippe Dumas - Les archives du Proche-Orient sur le site diplomatie.gouv.fr

Le ministère français des Affaires étrangères conserve un extraordinaire patrimoine sur le Proche-Orient,  principalement composé des archives du mandat français en Syrie et au Liban, du fonds de l’Office du Levant et des papiers de plusieurs hauts commissaires successifs, Henri Gouraud, Henri Ponsot, Damien de Martel et Gabriel Puaux. En 2019, le ministère a entrepris de mettre en ligne cet ensemble en commençant par la totalité de la collection photographique du général Gouraud, soit plus de 10 000 images, dont plus de 1800 sur la Syrie et le Liban. Cette première étape sera suivie de la publication de l’ensemble des inventaires des fonds sur le portail ADEL (Archives Diplomatiques En Ligne), complémentaire de la Bibliothèque diplomatique numérique, déjà accessible sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France. Le contenu de la base images en ligne sur du site diplomatie.gouv.fr, tout comme le portail ADEL sont compatibles avec le portail France Archives du ministère de la Culture, dont le contenu est lui-même accessible sur le portail européen Apex, soutenu par l’Union européenne, qui recense plus de 270 millions d’archives conservées dans plus de 7000 services.

 

Françoise Hours (BnF) - Bibliothèque d’Orient

La Bibliothèques d’Orient est une bibliothèque numérique collaborative trilingue (français - arabe - anglais) créée en 2016 sur le site de la Bibliothèque nationale de France en s’appuyant sur les fonctionnalités de Gallica. Elle rassemble près de 10 000 documents issus de collections couvrant la période 1798-1945 de huit bibliothèques patrimoniales et de recherche implantées au Proche-Orient et de la BnF. Bibliothèque de réseau, elle continue de s’élargir à d’autres bibliothèques françaises et étrangères. Dans l’esprit de la collectionPatrimoines Partagés, Bibliothèque d’Orient veut retracer l’origine et l’évolution des liens qui unissent la France et le Proche Orient. Une centaine de textes rédigés par des spécialistes, universitaire, chercheurs ou conservateurs, viennent éclairer les thématiques et contextualiser les documents. La navigation, thématique, permet d’explorer sept thématiques : Carrefours, Communautés, Religions, Savoirs, Politiques, Imaginaires et Personnalités. L’objectif est d’offrir une source de connaissance et d’inspiration pour les chercheurs, les enseignants, les étudiants. et tous ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension de cette région du monde, dans sa profondeur historique, pour mieux en saisir l’actualité.

 

Kamal Kassar - La Fondation AMAR

La fondation AMAR (Fondation for Arab Music Archiving & Research) a été crée par Kamal Kassar en 2008 lorsqu’il acquiert la collection Annani Arab Music Collection riche d’environ 2500 78 tours. La collection est désormais riche de plus de 9000 disques, dont un grand nombre est issu de l’ère de la "Nahda" (1903 - 1930) et de plus de 6000 heures enregistrées sur bandes magnétiques. Une plateforme technique respectant les standards et normes internationales de numérisation mais aussi de conservation a été bâtie et les collections sont décrites sur site. La fondation a placé la diffusion au coeur de ses projets, à la fois sur son site internet où des mp3 sont en ligne http://www.amar-foundation.org mais aussi par des publications de haute qualité.  Ainsi, la publication de l’œuvre intégrale de Yûsuf al-Manyalâwi, premier chanteur à avoir au début du siècle dernier, enregistré sur un disque, est en cours et en 2018 AMAR a fait paraître L'âge des almées (4 volumes), accompagné d’un livret extrêmement documenté de Frédéric Lagrange.

 

Mireille Maurice (Ina Méditerranée) - Les archives de l’Ina et de l’Inathèque

Première ressource mondiale de contenus audiovisuels numérisés, l’Institut national de l’audiovisuel (INA) collecte et conserve 80 ans de fonds radiophoniques et 70 ans de programmes de télévision qui fondent notre mémoire collective. L’INA valorise ses images et ses sons en leur donnant sens et en les diffusant auprès du plus grand nombre. L’institut développe ainsi des offres et des services afin de se rapprocher de ses différents publics, en France comme à l’étranger. Dans le cadre de la loi sur le dépôt légal, l’Ina conserve également les programmes de 169 chaînes de radio et de télévision publiques et privées à des fins de recherche. Pour les étudiants, enseignants et chercheurs, l’INA multiplie les accès à l’ensemble de ses collections dans ses centres de consultation InaTHEQUE, dans les bibliothèques et médiathèques partenaires réparties sur l’ensemble du territoire national. L’Institut est aussi l’un des premiers centres de formation initiale et continue aux métiers de l’audiovisuel et des nouveaux médias et s’affirme comme un laboratoire de recherche et d’expérimentation. Deux exemples éditorialisés seront présentés au cours de cette table ronde :  Jalons et Medmem - Mémoires audiovisuelles de la Méditerranée. L’activité de recherche de l’Ina est en lien direct avec les enjeux actuels des archives audiovisuelles comme le programme européen MeMAD (Methods for Managing Audiovisual Data), piloté par l’Université AAlto (Finlande) ou le développement de l’outil de fouille massive de données utilisant l’intelligence artificielle, INASpeechSegmenter.

 

Marina Mattar et Levon Nordiguian (Photothèque de l’Université Saint Joseph)

La bibliothèque orientale de l’Université Saint-Joseph possède un fonds important de photographies et de cartes postales datant de la fin du XIXe siècle aux années 1960. et estimé à 100 000 documents photographiques. La majorité des collections photographiques a été  réalisée par divers Pères Jésuites, comme le RP Antoine Poidebard (1878-1955), qui a utilisé la photographie aérienne dans la recherche archéologique qui a permis de découvrir de nombreux sites : villes assyriennes ou romaines, reste de chaussées, camps, fortins et canalisations des anciens centres agricoles, etc. La numérisation des différents supports (tirages papier, plaques de verre et négatifs), et leur catalogage est en cours. Outre les nombreuses photographies archéologiques, on en compte également un grand nombre à caractère ethnographiques qu’il s’agisse des villages perdus dans la montagne libanaise, de bédouins de la steppe syrienne, de Tcherkesses du Caucase ou Alévis réfugiés en Turquie; Arméniens avant les massacres de 1915.

 

Elie Elias (Université Saint-Esprit de Kaslik)

Le Centre Phoenix pour les études libanaises a été créé au sein de l’Université Saint-Esprit de Kaslik en 2008 avec pour mission principale de promouvoir les recherches et projets relevant du domaine du patrimoine libanais. Il soutient la recherche au Liban et favorise sa promotion internationale, en partenariat avec les divers facultés et instituts de l’USEK . Il s’associe également à la Bibliothèque Centrale et à ses différents services pour mettre à la disposition de l’ensemble des chercheurs des ressources archivistiques, manuscrites, imprimées et informatisées, que ce soit en ligne ou par l’accueil des chercheurs dans sur site. Enfin, il participe à la formation des chercheurs – doctorants, post-doctorants, universitaires et professionnels du domaine des archives – en les accueillant au sein du Centre et en les aidant à séjourner à l’étranger. Plusieurs projet de recherche sont gérés par le centre qui a publié de nombreux ouvrages  sur les différents aspects de l’histoire et la culture libanaise.

 

 

Conférence : Partager les données de la recherche : l'expérience de la TGIR Huma-Num dans le contexte européen, Stéphane Pouyllau (directeur technique de la TGIR Huma-Num), Adeline Joffres (responsable de la coopération internationale de la TGIR Huma-Num)

Cette communication a pour objectif de mettre en perspective le rôle de la Très Grande Infrastructure (TGIR) Huma-Num en la situant dans le panorama national et européen de l'enseignement et de la recherche en Sciences Humaines et Sociales (SHS). Huma-Num accompagne les porteuses et porteurs de projets de recherche en SHS dans leur appropriation du numérique en mettant à disposition des services et des outils couvrant l’ensemble du cycle de vie des données dans le respect des principes FAIR (Findable, Accessible, Interoperable, Reusable). Nous détaillerons ainsi, avec une approche réflexive, la démarche pédagogique et technique développée pour la préservation, le partage et l’archivage des données de la recherche dans un contexte européen de science ouverte.

 

Table-ronde 2 : Les activistes des archives. Modératrice : Emma Aubin-Boltanski (CNRS, Ifpo)

 

Sana Yazigi  (Creative Memory) - Archiver la mémoire créative de la Révolution syrienne produites en Syrie et en diaspora : https://creativememory.org

Le projet “La mémoire créative de la révolution syrienne” a pour but de regrouper toutes les formes d’expression intellectuelle, incluant celles des expressions artistiques et populaires reproduites pendant la révolution. Il s’agit de rassembler, d’enregistrer, de documenter, les histoires du peuple syrien, à travers les œuvres artistiques et culturelles liées à la révolution sont disponibles sur la toile dès leur production. Le site archive ainsi des oeuvres fragiles et fugaces, qui disparaissent d’Internet pour différentes raisons permettant en même temps de les regrouper, offrant par cette archive l’occasion de comprendre l’influence de la résistance artistique syrienne, de diffuser son message, et d’aider à établir des réseaux entre les groupes ou les personnes qui l’animent ainsi que des liens avec le monde extérieur. Le site a pour but de constituer les archives du patrimoine national syrien, leur protection est primordiale parce qu’elles appartiennent à la mémoire collective et que le peuple syrien puisse connaître son histoire.

 

Cécile Boex (EHESS, Césor) - Archiver les vidéos vernaculaires de la révolte et du conflit en Syrie : enjeux éthiques et politiques

Depuis 2011, je collecte, principalement sur YouTube, des vidéos réalisées par des manifestants ordinaires, des proches de martyrs, des activistes et des groupes combattants dans le cadre d’une recherche sur les usages de la vidéo dans le contexte de la révolte et du conflit en Syrie. Ces fragments d’images, de paroles et de sons, intimement liés à la temporalité des événements, ne se contentent pas de les documenter : ils participent de l’expérience de la protestation, de l’engagement, du combat et de la violence extrême. Comment ces traces audiovisuelles disséminées et lacunaires peuvent-elles constituer des sources pour la recherche ? Comment les rendre disponibles à d’autres et les transmettre ? Enfin, n’y a-t-il pas une forme d’indécence à parler d’archive alors que les événements sont toujours en cours ? Il s’agira de réfléchir au devenir archive de ces traces audiovisuelles en portant une attention particulière aux enjeux politiques et éthiques d’une telle trajectoire, forcément située dans la spécificité du matériau mais aussi dans une problématique singulière et une posture.

 

Zara Fournier (doctorante en géographie à l’université de Tours, CITERES 7324, associée à l’Ifpo) - Désirs d’ailleurs et d’avant : les militants de la mémoire et le Web au Sud du Liban

Au Sud du Liban depuis le retrait israélien du territoire en mai 2000, de multiples recompositions mémorielles sont à l’œuvre. Les mises en mémoire de l’occupation israélienne (1978-2000) sont conflictuelles, dissonantes et mouvantes. Elles sont à l’image des différents temps des changements territoriaux, politiques et sociaux de la région. Dans ce contexte, cette communication s’intéresse aux revendications mémorielles portées par un certain type d’acteurs mémoriels au Sud du Liban. Ce sont des individus, des groupes uniquement virtuels (groupes Facebook) et mixtes (associations, collectifs, mouvements disposant d’une sociabilité par le Web) dont le dénominateur commun est la revendication d’une appartenance mémorielle et territoriale à un certain Sud. Les premières portent sur le rétablissement d’une « vraie mémoire » de l’occupation israélienne selon eux, tronquée par l’État ou les acteurs politiques dominants sur place. Les deuxièmes sont d’ordre nostalgique, et font l’éloge d’un Sud fantasmé dans un espace-temps de « l’Avant ». Dans les deux cas, l’espace virtuel du Web est envisagé comme un espace mémoriel alternatif à l’espace physique in situ, dont l’accès est contrôlé politiquement.

 

Mohammad Haj Hassan (Dawlati) - Archiving oral history of the Syrian people : http://dawlaty.org

Alors que la guerre et la violence continuent affectent la vie des Syriens à l'intérieur et à l'extérieur du pays, plusieurs ONG syriennes, dont, Dawlaty ont la volonté de préparer la période de transition qui suivra la cessation des hostilités. La société civile doit participer à une réflexion pour redéfinir les bases du contrat social du pays et que ce processus doit être dirigé par la Syrie. Par son travail sur la justice transitionnelle, Dawlaty cherche à renforcer les capacités, les connaissances et les possibilités pour les communautés marginalisées de contribuer et de participer aux futurs processus de justice transitionnelle. Dans le cadre de ce programme, Dawlaty travaille avec ses partenaires à la création d'archives de l'histoire orale du conflit syrien, en se concentrant sur les groupes marginalisés et les acteurs de la société civile. Dawlaty s'efforce de documenter et de mieux faire connaître les expériences et les besoins de ces groupes, ainsi que de les aider à exprimer leurs demandes auprès des décideurs et du public. https://dawlaty.org

 

Jeudi 30 mai

Conférence : Pauline Koetschet, Bibliothèques, collections et archives. Matérialité de la recherche Les médiévistes sont familiers des problèmes posés par les aléas de la conservation des sources. Dans cette intervention, je propose de nous situer brièvement dans le temps long, car les recherches les plus récentes sur les archives arabes pré-ottomanes sont riches d’enseignements méthodologiques. Dans un premier temps, je réfléchirai à la vie médiévale des collections d’archives, à partir des travaux – notamment – de Tamer el-Leithy et de Maaike van Berkel. Réfléchir sur les pratiques archivistiques médiévales montre à quel point il est nécessaire de prendre en compte la matérialité des sources et leur environnement physique. Dans un second temps, je comparerai quelques problèmes rencontrés lors du travail sur les fonds d’archives avec ceux liés aux fonds et collections de manuscrits conservés dans les bibliothèques du Proche-Orient.

Table-ronde 3 : Parole vive, parole en interaction. Modération : Ziad Mikati (Université libanaise)

 

Loubna Dimachki et Rim Ayoub (Université Libanaise) - Les corpus d’interaction au Centre des Sciences du Langage et de la Communication

Depuis une dizaine d’année le Centres des Sciences du Langage et de la Communication met un point d’honneur à archiver la collecte des données orales en milieu naturel, sous forme vidéo et audio. Cet intérêt n’est pas le fruit du hasard il est né d’un besoin et d’un manque réel des corpus en langue parlée en interaction, et du traitement de ses données. Une rareté qui va de pair avec la rareté des travaux en interaction dans ce domaine, l’un expliquant l’autre et vice-versa. L’objectif du Centre est de faire un premier pas dans la direction de la mise en place d'une petite structure permettant de pérenniser les réalisations et de donner une place à l'arabe parlé dans les différents traitements et approches scientifiques, et de permettre une réflexion collective entre chercheurs présentant différentes expertises sur les exigences de la transcription et de l’annotation de corpus de langue parlée.

 

Catherine Pinon (Ifpo) - Transcription de corpus d’arabe parlé en interaction : la convention AraPI

Les transcriptions de corpus d’interaction en arabe parlé pour des analyses de linguistique interactionnelle ou pragmatique en sont encore à leurs balbutiements. L’équipe AraPI (arabe parlé en interaction) a réfléchi à une convention permettant d’uniformiser les pratiques des chercheurs. Dans cette intervention, on présentera la convention en justifiant les différents choix qui ont été faits, en prenant comme exemple la transcription d’une interaction en syro-libanais.

 

Gloria el-Hajj (Université Lumière Lyon 2) - Corpus actuel de français parlé au Liban : constitution, terrain et réflexion scientifique

Le corpus FPL_GH  (Français parlé au liban), est un corpus récent documentant les usages du français au Liban, et recueilli en 2017-2018 dans le cadre d'une thèse préparée par Gloria EL HAJJ à Lyon II sur les variétés du français parlé au Liban. Nous évoquerons dans cette présentation, en premier lieu, la variété du corpus recueilli au Liban en 2017-2018  ainsi que les critères de sélection du corpus. En deuxième lieu, nous expliciterons la situation linguistique au Liban, tout en avançant quelques pistes d'analyses. Notre corpus est recueilli spécifiquement pour notre étude. Il est constitué d'enregistrements audio et vidéo, de situations interactionnelles dans des contextes francophones et arabophones variés à Beyrouth et dans la région du Sud. La plupart des situations présentent des activités socio-langagières et interactionnelles dans leurs sites naturels de production. Nous disposons au total d'environ 11 heures d'enregistrements (668,32 minutes).

 

Bassam Baraké (Université Libanaise) - Le parler blanc au Liban - Analyse des documents télévisés

Nous comptons présenter les démarches que l’équipe de recherche à l’Université Libanaise a effectuée sur « le parler blanc au Liban ». Nous décrirons les démarches que cette équipe a suivie pour l’analyse d’un corpus oral élaboré à partir des émissions télévisées populaires diffusées respectivement sur les chaînes de télévision LBC et MTV, à savoir « Kalam anass et Hadis Al balad ». En fait, nous avons opté pour les discours des animateurs de ces émissions, croyant que les présentateurs des émissions télévisées sont, en général, contraints à surveiller leur accent régional pour adopter un accent blanc

   


Joseph Dichy, (Université Lumière Lyon 2) - Corpus sur Twitter en Arabizi et traduction

Un phénomène nouveau est apparu depuis une dizaine d’années en arabe : il s’agit de l’écriture de cette langues, dans ses différents dialectes, avec des caractères latin, que l’on appelle l’arabizi (les caractères absents des alphabets latins sont notés par des chiffres). Apparu au départ dans les SMS (pour des raisons pratiques, puis d’économie), ce mode d’expression est très vivant sur les réseaux sociaux. Nous avons travaillé sur un corpus sur Twitter, qui présente l’intérêt (a) de mêler texte, émoticônes et images (b) d’être constitué d’échanges interactionnels (c) de correspondre à une parole libérée des contraintes de « bonne éducation » des échanges sur les mêmes réseaux en caractères arabes. Nous avons dû – c’était une commande – les traduire en français, ce qui présentait des difficultés réelles. Le traitement des corpus en arabizi constitue un domaine de recherche d’un grand intérêt… et la langue arabe n’y est pas plus menacée ou assassinée que dans la vie de tous les jours, et depuis toujours !

 

Véronique Traverso, (Ifpo) - Corpus sensibles, aspects éthiques et juridiques

Dans cette présentation, elle abordera la question des corpus d’interactions naturelles – corpus enregistrés dans des situations sociales non provoquées par le chercheur – sous l'angle de leurs spécificités et des précautions éthiques qu'ils impliquent. L'objectif de la présentation est :

- d'expliquer comment ces précautions se sont aujourd'hui standardisées pour les sciences humaines, sous l'influence du champ médical notamment

- de montrer l'impact que ces précautions peuvent avoir sur la recherche (demandes d'autorisation, comités d'éthiques, etc.)

- d'aborder le débat qu’elles suscitent souvent parmi les chercheurs.

 

 

Conférence : Christine Jungen (CNRS, LESC) : Les archives et leurs formes : petites histoires de traduction

A l’heure des « nouvelles archives » que proposent les supports numériques et multimédia, il s’agira ici de revenir sur la manière dont les formats documentaires conditionnent leurs modalités de traitement. Loin de former des objets stables, les archives font en effet l’objet de multiples transformations. En particulier, une des modalités essentielle à leur circulation et usage est en effet leur reproduction sous différentes formes (reproductions, copies, transcriptions, éditions, etc.). On partira ici de l’exemple du microfilm, et de l’économie singulière de l’archive à laquelle la technique du microfilm ont pu donner lieu au Moyen-Orient, pour interroger plus largement les enjeux des archives numériques, et des différentes modalités de « traduction » (littérale, matérielle, ou encore ce qui relève de formes de traduction culturelle) qui s’y déploient.


Table-ronde 4 : Entre mémoire et histoire, les enjeux de l’histoire orale. Modératrices : Florence Descamps et Liliane Kfoury

 

Florence Descamps -  Histoire de la mémoire, histoire des mémoires. Les vertus heuristiques du concept « régime de mémorialité »

Dans la hiérarchie des sources, les témoignages oraux portant sur le passé sont souvent considérés par les historiens comme des sources secondaires ( rétrospectives, indirectes ou intermédiées). Mais pour l’étude de la mémoire, les témoignages accèdent au statut de sources primaires (directes, contemporaines de l’événement). On étudiera dans cette communication la définition et la valeur heuristique du concept de « régime de mémorialité », ainsi que son usage dans les travaux historiques.

 

Karima Dirèche (CR CNRS, UMR TELEMMe) - Mémoires de la guerre et de l’indépendance. Ce qu’en disent les slogans de la contestation algérienne

Les gigantesques mobilisations citoyennes du printemps 2019 en Algérie laissent la place à des expressions inédites de l'histoire du pays. Ainsi certaines figures de héros et héroïnes de la guerre d'indépendance (disparues du panthéon national) sont mobilisées par les manifestants pour mieux désavouer les élites politiques dirigeantes les rendant indignes du sacrifice de leurs aînés. Par ailleurs, les victimes de la décennie noire réapparaissent dans l'espace public à travers des photographies brandies par leurs familles qui demandent enfin que justice soit faite.. La contribution décryptera les photos et les slogans scandés qui puisent dans le référentiel historique indépendantiste et dans l'histoire récente de l'Algérie pour mieux comprendre l'aspiration de la société algérienne à une plus grande justesse de la “vérité" historique.

 

Sophie Gebeil (MCF - AMU, UMR TELEMMe) - Historiciser les dispositifs de médiation mémorielle en ligne : entre archives du Web et enquête orale

Cette communication propose une réflexion historiographique et méthodologique sur la façon dont les archives du Web permettent d’analyser les pratiques mémorielles dans les années 2000. Depuis la fin des années 1990 marquées par l’essor d’Internet en France et à l’échelle internationale, les contenus publiés sur la toile sont devenus incontournables dans l’étude des relations que les sociétés entretiennent avec leurs passés. Le recours à ces sources nativement numériques impose néanmoins à l’historien-ne un défi épistémologique lié à la constitution, la pérennisation et l’analyse du corpus. En prenant appui sur le cas des mémoires de l’immigration maghrébine en ligne depuis 1999 étudiées dans le cadre de la première thèse d’histoire fondée sur les archives du Web français (2015), il s’agira d’aborder les tensions inhérentes au dessein de concilier les spécificités disciplinaires de l’histoire avec l’analyse d’archives numériques.

 

Houda Kassatly (ethnologue, photographe, Université Saint-Joseph) - Les photographes de studio des années 50 : mémoire d’un métier et hommage posthume

Les photographes de studio des années 50 : mémoire d’un métier et hommage posthume

La guerre civile du Liban a vu naître un intérêt pour l’objet photographique qui devint, avec la

perte du centre-ville, un témoin de ce que fut la vie d’avant le conflit et s’est traduit par une

fascination pour les photographies et cartes postales datant de la période de l’avant-guerre.

Plus tardivement, la prise de conscience de l’importance des images pour dire une ville, un pays et ses habitants s’est manifestée sur le plan individuel et collectif avec la floraison de multiples collections privées et l’apparition de plusieurs institutions comme la Fondation Arabe pour l‘Image, la photothèque de l’Université Saint-Joseph et autres qui se consacrent à l’archivage de photographies et à leur étude. Dans le cadre de ma maison d’édition el Ayn, la collection « Photographes du Moyen-Orient » participe de cet intérêt général en publiant des corpus photographiques datant du XXe siècle.

 

Liliane Kfoury (historienne, USJ) - L’apport de l’oralité à l’histoire libanaise contemporaine

L’importance des entretiens, des récits de vies et des biographies est incontestable et indéniable ; ces outils sont de plus en plus utilisés dans les différentes disciplines des sciences humaines et notamment l’histoire.  Cette intervention présente le bilan d’un travail de collecte d’enregistrements vocaux auprès de différents groupes sociaux vivant au Liban commencé depuis 2003 et qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Afin d’éclairer certains aspects de l’histoire contemporaine du Liban et des Libanais sur des pans de l’histoire non consignés dans les écrits officiels, publics ou médiatiques, il nous a semblé impératif et certainement fort instructif de consulter dans différentes régions du Liban directement des personnes de milieux et groupes sociaux variés, venus de divers horizons et dans des conditions spécifiques à   chaque groupe. Cette collecte s’est faite dans des villages de la montagne libanaise, dans un des quartiers de Beyrouth, auprès de personnes installées au Liban dans les années 1950 et 1960 et venues d’Egypte, d’Iraq, de Palestine et de Syrie.

 

Falestin Naïli (Ifpo) - L'histoire orale en Jordanie : potentiels et obstacles

Cette présentation constitue un premier retour critique sur un projet en histoire orale dont la partie scientifique est piloté par l’Ifpo en Jordanie avec plusieurs partenaires jordaniens, français et allemands. Ce projet a l’ambition de former des étudiants jordaniens à la méthodologie de l’histoire orale et de produire un corpus de récits oraux à préserver dans les archives nationales jordaniennes. En Jordanie, l’histoire orale a un grand potentiel grâce à la forte tradition orale, mais se heurte à de nombreux obstacles en termes de formation à la recherche et en termes des convictions épistémologiques majoritaires chez les acteurs jordaniens dans la recherche en sciences humaines et sociales et dans le domaine des archives. Ainsi, le terme « histoire orale » dans sa traduction arabe a heurté certains interlocuteurs institutionnels qui ne voulaient pas que les récits oraux soit élevés au rang de l’« Histoire » qui se doit, selon eux, d’être basée principalement sur des documents archivistiques, seuls éléments jugés fiables pour une analyse historique.

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